Les exigences légales et les pièces indispensables
a) Une motivation factuelle et juridique complète
Le préfet doit présenter des faits précis permettant au juge de comprendre la situation réelle :
- démarches auprès du consulat,
- absence ou retrait d'un document de voyage,
- comportement du retenu,
- difficultés rencontrées pour exécuter l'éloignement.
Sur le plan juridique, la requête doit viser les articles exacts du CESEDA et l'alinéa applicable.
Une motivation uniquement factuelle, ou un visa d'article sans préciser le cas de figure, est insuffisante.
b) Le registre de rétention : une pièce obligatoire
La copie du registre de rétention, mise à jour et signée, est une pièce indispensable.
Son absence constitue automatiquement une fin de non-recevoir, sans qu'il soit nécessaire de démontrer un quelconque préjudice. Ce registre permet au juge de s'assurer que les droits de la personne retenue ont été respectés (information, accès à un avocat, etc.).
Il peut seulement manquer si la préfecture justifie formellement l'impossibilité de le joindre.
c) Les autres pièces importantes
La requête doit comporter toutes les pièces utiles :
- procès-verbaux de garde à vue,
- notifications,
- documents relatifs à l'éloignement.
L'absence d'une pièce essentielle peut entraîner l'irrecevabilité.
En revanche, certaines pièces réglementaires disponibles publiquement (par exemple, un arrêté créant une zone d'attente) peuvent être produites plus tard sans conséquence.
d) Signature et formalisme
La requête doit être datée et signée par l'autorité compétente.
Un document trop vague, illisible ou stéréotypé peut conduire à l'annulation, notamment s'il manque des éléments de fait essentiels.
Régularisation, décisions du juge et vigilance pratique
a) La possibilité de régulariser sous conditions
Avant de rejeter une requête pour manque de motivation, le juge doit en principe inviter la préfecture à régulariser .
b) Le rejet par ordonnance et ses effets immédiats
Si la régularisation n'est pas effectuée dans les délais, le juge peut rejeter la requête par ordonnance, c'est-à-dire sans débat approfondi.
Lorsque la requête est déclarée irrecevable, la conséquence est radicale :la rétention doit être levée immédiatement.
c) Des délais très courts pour statuer
Le contentieux de la rétention obéit à des délais extrêmement rapides :
- 96 heures dans la plupart des cas,
- 144 heures lorsque la personne a déposé un recours contre une obligation de quitter le territoire.
Ces délais courts obligent la préfecture à déposer une requête complète et parfaitement motivée dès le départ.
d) Les points de vigilance
La préfecture doit donc être particulièrement attentive à :
- la qualité de sa motivation,
- la précision des textes cités,
- la production de toutes les pièces indispensables,
- en particulier le registre actualisé de rétention.
La jurisprudence rappelle cependant que l'irrecevabilité ne doit être prononcée que si l'absence de documents empêche réellement le contrôle du juge.
Si les diligences sont suffisamment établies et que les documents permettent au magistrat d'exercer son contrôle, la requête est régulière.